1er trimestre 2020 - Pandémie Covid-19
Revue trimestrielle
Revue trimestrielle
Au cours du dernier mois, la plupart d’entre nous avons compris l’ampleur de la pandémie qui frappe présentement la planète et l’impact qu’elle aura sur nos vies. Cette crise sans précédent pour la plupart d’entre nous se déroulera en 3 phases.
La plupart des gouvernements mettent tout en œuvre pour ralentir la propagation du virus Covid-19 et limiter le nombre de pertes de vies humaines. Nous avons tous un rôle à jouer afin d’assurer le succès de ces mesures. Depuis la mi-février, les employés d’Archer font du télétravail et observent des règles strictes de confinement, sans impact sur nos opérations.
Si elles n’affectent pas Archer, les mesures de confinement et de distanciation sociale ont cependant un impact direct sur les revenus et les profits d’un grand nombre d’entreprises cotées en bourse. Comme c’est toujours le cas, cette baisse anticipée des profits se reflète aussitôt sur les cours boursiers. La vitesse de la baisse – une des plus rapides de l’histoire des marchés financiers – s’explique par l’arrêt quasi-instantané de l’activité dans plusieurs secteurs économiques importants.
L’incertitude quant à l’ampleur et la durée des pertes causée par la guerre contre la pandémie est la source de l’extrême volatilité que l’on observe dans les marchés – les variations quotidienne de 5%, voire 10% sont présentement monnaie courante. Cette volatilité diminuera à mesure qu’on en apprendra sur l’impact économique du virus.
Cela dit, la baisse d’environ 28% des cours boursiers depuis le sommet atteint en février et de 21%% à date en 2020 n’est justifiable que si l’on anticipe une baisse permanente et irrécupérable des profits des entreprises, ce qui est peu probable. Le temps nous dira si cette baisse était surfaite mais on sait que le marché boursier anticipe toujours le pire en période de crise, ce qui augure bien pour les rendements à moyen et long terme.
Le portefeuille équilibré – qui investit 60% en actions et 40% en titres à revenu fixe – s’en est beaucoup mieux tiré, avec une baisse de 10,6% (après frais) sur le trimestre, aidé par la hausse de 1,6% des obligations. L’appréciation de 8,3% du dollar US – devise refuge – face au dollar canadien a aussi freiné la baisse de valeur de nos placements étrangers. On a tendance à l’oublier mais le portefeuille équilibré avait subi des pertes plus importantes encore en 2000-2002 et 2008 et s’en est rapidement remis à chaque fois.
Le comportement des marchés financiers durant la semaine du 16 mars avait les caractéristiques d’une crise financière : une ruée vers la sortie des investisseurs qui vendaient même les valeurs les plus sures – les obligations gouvernementales – pour se réfugier dans les liquidités.
Heureusement, les banques centrales – notamment la Federal Reserve américaine et plus récemment la Banque du Canada – ont rapidement sorti l’artillerie lourde (ils ont appris la leçon de la crise de 2008 : act fast and go big) et le marché des obligations gouvernementales s’est rétabli.
Les gouvernements ont aussi agi avec détermination : les États-Unis ont adopté un plan d’urgence de plus de 2 000 milliards – équivalent à environ 10% de la taille de leur économie. Le Canada et d’autres pays ont adopté des mesures semblables. D’autres mesures fiscales seront probablement annoncées à mesure qu’on identifiera les besoins.
Nous ne sommes pas sortis du bois pour autant. La plupart des économies développées sont probablement déjà en récession. Celle-ci risque malheureusement d’être plus sévère et plus longue que la moyenne et d’entrainer plus de faillites d’entreprises et d’individus. Le marché immobilier et celui du financement hypothécaire – surtout aux États-Unis – semblent vulnérables.
Le pire de la crise sanitaire est malheureusement encore à venir, du moins au Canada et aux États-Unis.
Pour ce qui est du marché boursier, personne ne sait si nous avons passé le creux de la vague. La remontée en fin de trimestre sera-t-elle durable ou s’agit-il plutôt d’un faux départ qui sera suivi d’un second mouvement de baisse, comme on en a observé dans le passé? Impossible à prédire.
Ce qu’on sait cependant c’est que, comme toutes celles qui l’on précédées, cette tempête passera. Même si la récession causée par la lutte à la pandémie s’avère plus longue et sévère que la moyenne, elle sera suivie tôt ou tard d’une reprise économique. Le marché boursier anticipera cette reprise par quelques mois, comme il le fait généralement.
Le tableau suivant donne un aperçu de la fréquence et de la durée des baisses de la bourse américaine depuis 1948, ainsi que du rendement suivant la période de baisse.
Comme si la pandémie n’était pas suffisante, la bourse canadienne a subi le contrecoup de la guerre de prix du pétrole dans laquelle l’Arabie Saoudite et la Russie nous ont entrainés. Ceux qui utilisent encore leur véhicule peuvent s’en réjouir lorsqu’ils passent à la pompe mais pour les compagnies pétrolières, c’est une calamité. La baisse du prix du pétrole a aussi affaibli la devise canadienne qui est en baisse marquée face au USD (-8,3%) et à l’EURO (-6,4%) sur le trimestre.
L’indice phare de la bourse de Toronto est en baisse de 20,9% sur le trimestre alors que les actions du secteur pétrolier ont perdu 53,1%.
Les titres financiers ont aussi cédé 21,9% sur le trimestre. Les actions des grandes banques (-20,2%) ont subi une baisse similaire au marché. Les petits prêteurs hypothécaires cependant ont subi une baisse beaucoup plus marquée (-45,6%), sans impact sur nos rendements compte tenu de leur poids négligeable dans l’indice.
D’autres secteurs s’en sont beaucoup mieux tirés, comme les titres de consommation de base (puisqu’il faut bien continuer à manger) à -9,7%, les utilities à -6,2% et les technos à -3,8%.
En baisse de 19,6% en USD, la bourse américaine a fait marginalement mieux que la bourse canadienne. Tel que mentionné plus haut cependant, l’appréciation (8,3%) du USD face au dollar canadien a permis de limiter la baisse en CAD à 12,4%.
Les titres de technologie – principal secteur de la bourse américaine – s’en tirent pas trop mal avec une baisse de 11,9%. Ces entreprises sont moins touchées par les fermetures et plusieurs ont des bilans très sain, après des années de profits croissants.
Beaucoup plus fragmenté, le secteur financier fait nettement moins bien qu’au Canada, en baisse de 31,9%. Le secteur hypothécaire semble particulièrement à risque, alors que des années de faibles taux d’intérêt et une chaine de financement souvent complexe ont encouragé la prise de risque.
En moyenne, les bourses internationales ont fait ni mieux ni pire que la bourse canadienne. Cependant, le portefeuille d’actions internationales a lui aussi bénéficié de la faiblesse du dollar canadien. La baisse des bourses internationales est de 15,9% en CAD.
Le Japon et la Suisse – 2 autres devises refuges – ont relativement bien fait, alors que le Royaume-Unis et les pays de la zone EURO ont tiré le rendement vers le bas.
Il y a des gagnants et des perdants du côtés des marchés émergents. Globalement, leur rendement a été de -17% en CAD.
C’est du côté de la Chine que vient la surprise avec un rendement de -1,5% en CAD, résultat d’une baisse plus faible de sa bourse (-10,3% en devise locale) et d’une appréciation de 7,4% de sa devise face au dollar canadien.
À l’inverse, les 4 autres pays du BRICS – Brésil, Russie, Inde et Afrique du Sud – ont connu des rendements pires que la bourse canadienne en plus de voir leur devise se déprécier. Aux prises avec une crise économique et un gouvernement populiste, le Brésil remporte la palme avec une baisse de 45,4% en CAD.
Les obligations de gouvernements canadiens – Canada et provinces – sont des valeurs refuges lors de ralentissements économiques et de baisse sur les marchés boursiers. La crise actuelle ne fait pas exception : ces obligations sont en hausse de 3,1% sur le trimestre. Elles étaient en hausse de plus de 8% jusqu’au 9 mars, avant de redescendre vers leur niveau actuel. Pourquoi? Parce que les gouvernements devront émettre des obligations en masse afin de financer les plans d’urgence récemment mis en place, ce qui fera inévitablement baisser leur cours. Cela dit, malgré qu’elles ne versent qu’environ 1% d’intérêt annuellement, elles demeurent une police d’assurance essentielle, surtout dans le contexte actuel.
Les obligations de sociétés (qui constituent environ 30% du portefeuille obligataire d’Archer, l’autre 70% étant des obligations de gouvernements) ont quant à elles généré un rendement négatif de -2,5% sur le trimestre et d’environ -6% depuis le sommet de la bourse canadienne le 20 février. Notons que les sociétés émettrices de ces obligations sont toutes cotées BBB ou mieux (aucunes obligations à rendement élevé ou high yield bonds). De plus, la baisse de leurs cours depuis février n’affecte en rien pour le moment le versement d’intérêt d’environ 3% par année.
Nous avons publié un billet récemment pour expliquer la récente volatilité dans le marché obligataire. On garde le cap, incluant sur les obligations!
Comme nous l’expliquions dans notre lettre du 4e trimestre 2019, nous croyons que le contexte sera nettement moins favorable pour les fiducies de placement immobilier au cours de la prochaine décennie. Il est en effet peu probable que la baisse séculaire des taux d’intérêt amorcée il y a maintenant 4 décennies – qui explique en bonne partie que les REITs aient mieux performé que les autres secteurs de la bourse – continue au cours de la prochaine décennie. Du moins, si les taux continuent de baisser, ce sera parce que les banques centrales luttent contre un ralentissement économique majeur, qui mettra beaucoup de pression à la baisse sur le marché immobilier.
Dans ce contexte, nous avons réduit en cours de trimestre la proportion des portefeuilles investie en REITs, pour ne conserver que ce que nous détenons à travers le fonds indiciel d’actions canadiennes (environ 3,5% de l’indice). Jusqu’ici, le marché nous donne raison.