2e trimestre 2018: protectionnisme et tensions
Revue trimestrielle
Revue trimestrielle
C’est dans un climat d’incertitude et de tension commerciale que l’économie mondiale continue de progresser à un rythme soutenu. La Banque du Canada projette un accroissement de l’économie mondiale de 3,75% pour 2018. Le nuage du protectionnisme plane encore lourdement sur notre lettre, mais gardons à l’esprit que les perspectives à long terme restent bonnes malgré l’orage passager causé par l’administration Trump.
Les marchés canadiens ont connu un deuxième trimestre exceptionnel avec un rendement de 6,77%. Ce rendement a été soutenu par le secteur de l’énergie qui a connu un rendement de 14,7% pendant le trimestre et qui représente le cinquième de l’indice.
D’un point de vue économique, les premiers mois de 2018 ont été enviables pour le Canada. Son niveau de production est maintenant proche de sa capacité de production potentielle.
Le taux de chômage se maintient à un niveau historiquement bas et les pénuries de main-d’œuvre s’intensifient dans certains secteurs. Le salaire des Canadiens croît à un rythme soutenu (3,6%) ce qui n’avait pas été observé depuis 2012, et l’inflation avoisine son niveau cible de 2%.
Les risques anticipés :
La détérioration des relations commerciales avec les États-Unis se veut préoccupante. Après les secteurs de l’acier et de l’aluminium, et malheureusement pour le Canada, l’administration Trump commence à s’intéresser au secteur de l’automobile qui est un secteur clé en Ontario.
Si les tarifs se limitent aux producteurs d’acier et d’aluminium, dont 80 % des exportations prennent la route des États-Unis, l’impact resterait gérable pour l’économie canadienne. Le risque réel est que les tarifs douaniers imposés aux exportations canadiennes continuent à s’étendre à vers de nouveaux secteurs.
Alors que les autres régions du monde souffrent toutes de certains maux, la machine américaine tourne présentement à plein régime. Nos voisins du sud ont présentement un enviable écart de production positif. Le taux de chômage y est à un niveau historiquement bas, et les ménages bénéficient d’un avoir net élevé et de diminutions récentes de leur impôt sur le revenu. Les sociétés profitent aussi d’une réduction de leurs taxes, ce qui leur permet d’investir et d’être plus compétitives. Les États-Unis sont donc très bien positionnés pour soutenir leur niveau de consommation et continuer à stimuler leur économie.
La valeur nette des ménages américains progresse à un rythme beaucoup plus rapide que leur niveau d’endettement, ce qui a permis à l’américain d’atteindre un ratio dette / valeur nette qui n’a pas été aussi bon depuis 1987.
La politique protectionniste des États-Unis, jumelée à un resserrement de sa politique monétaire, ont profité au dollar américain qui s’est apprécié face au dollar canadien. Cela a profité au rendement de l’investisseur canadien ayant investi aux États-Unis. Les marchés américains ont connu une performance de 3,4% (5,37% en dollars canadiens) lors du dernier trimestre.
Le seul nuage à l’horizon pour la première puissance mondiale est la menace au “Made in USA”. Des millions d’emplois qui dépendent directement des exportations et des importations du pays sont présentement à risque. Dans une certaine mesure, la survie de ces emplois est entre les mains des partenaires commerciaux des États-Unis. Il en va de même pour les sociétés américaines dont la croissance dépend fortement de leurs activités à l’étranger.
La zone euro continue de présenter de bons indicateurs fondamentaux. Cependant, elle a perdu de la vitesse lors des premiers mois de 2018. Comme 48 % de son produit intérieur brut repose sur ses exportations, la zone euro est durement touchée par le ralentissement des échanges internationaux causé par l’approche commerciale de monsieur Trump.
Sur une note plus positive, l’inflation de ces pays est relativement basse et sous le niveau cible des banques centrales. Conséquemment, ces dernières devront éventuellement adopter des mesures pour stimuler l’économie et devraient maintenir leurs faibles taux d’intérêt. Ces mesures permettraient de limiter les dégâts.
Les actions internationales ont connu un rendement de 1,79% (0,78% en dollars canadiens) lors du dernier trimestre.
La croissance des économies émergentes continue d’être saine: le premier trimestre de 2018 représente leur plus importante croissance trimestrielle de production industrielle depuis 2012. Malheureusement, la performance des actions sur les marchés financiers ne reflète pas toujours le niveau de santé de l’économie dans laquelle elles évoluent. En effet, pendant le dernier trimestre, les investisseurs ont fortement réagi à la dégradation des relations commerciales entre plusieurs de ces pays et les États-Unis, faisant ainsi reculer cette classe d’actifs de 6,14%.
Il faut se rappeler que l’économie de ces pays est fortement dépendante de leurs exportations. Les nouvelles politiques commerciales américaines pourraient donc engendrer un ralentissement subséquent de la croissance de ces pays.
Dans le contexte d’incertitude actuel, les investisseurs tendent à se replier vers des valeurs refuges. On observe actuellement à une sortie de capitaux des économies émergentes qui sont réinvestis dans des devises plus “solides” comme le dollar américain. Ce transfert de capitaux a contribué à faire s’apprécier le dollar américain. L’appréciation du dollar américain est un problème pour les pays émergents puisque bon nombre de ces pays ont contracté d’importantes dettes libellées en dollars américains lors de la dernière décennie. Toute appréciation du dollar américain par rapport à leur devise respective vient donc augmenter leur dette, et augmente ainsi leur risque de défaillance.
Le marché obligataire canadien a encore connu un trimestre positif en enregistrant un rendement de 0,50%. Le taux directeur est resté inchangé au cours du trimestre et la courbe de taux est restée relativement plate. Conséquemment, l’investisseur se voit moins récompensé pour l’investissement dans des obligations canadiennes à long terme qu’il peut l’être pour acheter des obligations de pays étrangers.
La croissance de l’économie canadienne, jumelée à des taux d’intérêt à long terme stables et à un marché du travail en santé, aura permis au REITs de s’illustrer lors du dernier trimestre. Cette classe d’actif a bouclé le trimestre en territoire positif avec un rendement de 4,65%.