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Atterrissage en douceur?

Revue trimestrielle

Richard Morin

William Poulin

Mise à jour :
10
October
2024
Mise à jour :
October 10, 2024

Alors, nous y voilà finalement : les banques centrales ont déclaré mission accomplie dans la lutte contre l’inflation et ont initié une baisse de taux d’intérêt. La Banque du Canada a été la première du G7 à baisser son taux directeur en juin, mais c’est la baisse de taux de la Federal Reserve américaine que le marché attendait. La Fed a exaucé les vœux des investisseurs le 18 septembre avec une baisse de 0,5% de son taux directeur à 5,0%. D’autres baisses suivront qui pourraient ramener le taux des Fed Funds – qui influencent la majorité des taux d’intérêt aux États-Unis et, par ricochet, un peu partout dans le monde – à moins de 3% en 2026.

Un consensus se dégage donc maintenant sur les marchés que les banques centrales ont réussi ce rare exploit qui consiste à juguler l’inflation sans provoquer de récession; un atterrissage en douceur (soft landing). Dans un tel scénario, l’économie et les profits continueront de croitre. Il n’en fallait pas plus pour que les actions reprennent leur tendance haussière sur la plupart des marchés. Les sceptiques semblent confondus!

Bien entendu, consensus ne veut pas dire certitude. Les marchés financiers peuvent considérer que l’atterrissage en douceur est le scénario le plus probable, mais d’autres scénarios moins agréables sont possibles. La montée du protectionnisme et les tensions entre la Chine et les États-Unis, le conflit au Moyen-Orient qui risque de se propager et les déficits budgétaires aux États-Unis et ailleurs dans le monde auxquels on devra tôt ou tard s’attaquer sont autant de menaces qui pèsent sur l’économie mondiale.

En fait, depuis les années 90, tous les cycles de baisse de taux d’intérêt de la Federal Reserve sauf un ont été accompagnés de récession et de baisses significatives des actions.

Baisse de taux et marché des actions

Face à de tels risques, l’investisseur prudent résiste à la tentation de mettre tous ses œufs dans le même panier et s’assure de conserver une portion suffisante de son portefeuille investie en obligations de gouvernements – valeur refuge – en fonction de sa tolérance aux risques. Une indication que beaucoup d’investisseurs exercent effectivement une telle prudence est la bonne tenue des obligations au cours du trimestre; leur cours monte parce qu’on en achète.

Un autre scénario – moins probable mais tout aussi désagréable – est une recrudescence de l’inflation. On en parlera plus longuement le cas échéant.

En attendant, profitons des excellents rendements que le marché nous offre!

Revue des marchés

Classes d'actifsRendement en C$
3e trim.AÀD
Obligations canadiennes4,7%4,3%
Actions
- Canadiennes10,5%17,2%
- Américaines4,5%24,9%
- Internationales (EAFE)5,8%15,6%
- Marchés émergents6,9%19,1%

Actions canadiennes : soutenues par la baisse des taux

En hausse de 10,5% (17,2% depuis le début de l'année), l’indice S&P/TSX a clôturé son meilleur trimestre en quatre ans. Cet élan des actions canadiennes s'explique par l'optimisme autour d’un soft landing de l'économie américaine et par l'assouplissement des taux de la Banque du Canada.

La baisse des taux a profité à plusieurs secteurs de l’économie canadienne, notamment le secteur des finances (+15,8%), des technologies (+14,0%), les services publics (+15,3%) ainsi que l’immobilier (+16,3%).

Le secteur des matériaux reste le plus performant depuis le début de l'année, en hausse de 25,8%. Face au gel des actifs russes imposé par les pays du G7, plusieurs banques centrales, dont celle de la Chine, ont remplacé une partie de leurs réserves en devises étrangères par de l'or. Les inquiétudes grandissantes liées au conflit au Moyen-Orient ont également stimulé la demande pour l'or. Cette forte demande a propulsé le métal précieux à de nouveaux sommets, avec une augmentation de 30,4% en 2024.

Le secteur de l'énergie a fait du surplace au cours du trimestre, avec le prix du baril de pétrole désormais à 68,17$, en baisse de 11,5% sur cette période.

SecteurRendements
S&P / TSX
Composite
S&P 500
(en USD)
Énergie0,8%-3,1%
Matières11,7%9,2%
Industrie2,4%11,2%
Consommation discrétionnaire7,2%7,6%
Biens de consommation de base5,5%8,3%
Soins de santé (incluant cannabis)15,8%5,7%
Finance15,8%10,2%
Technologie de l'information14,0%1,4%
Communication8,7%1,4%
Services publics15,3%18,5%

Actions américaines : pas les technologies pour une fois

Les actions américaines ont connu un autre bon trimestre, avec une hausse de 4,5% en dollars canadiens, ce qui porte leur rendement depuis le début de l'année à 24,9%.

Ce qui retient l’attention au cours du dernier trimestre, c’est que les secteurs de la « vieille économie », souvent désignés comme titres de valeur, se sont particulièrement distingués après avoir été dans l’ombre des actions technologiques pendant près de deux ans (voire une décennie). Parmi les secteurs les plus performants figurent les services publics (+18,5%), l'immobilier (+16,3%), l'industrie (+11,2%) et les finances (+10,2%). Les baisses de taux ont également profité aux rendements des titres de petites capitalisations, indiquant que l'optimisme se propage à travers l'ensemble de l'économie américaine.

Bien qu'ils restent les leaders en termes de performance depuis le début de l'année, les secteurs des technologies et des communications ont sous-performé ce trimestre, enregistrant chacun une hausse de 1,4%. Ce ralentissement coïncide avec les premiers signes de faiblesse des entreprises ayant profité de l'essor de l'intelligence artificielle, comme Nvidia (-1,7%), Google (-8,8%) et Microsoft (-3,7%). Bien qu'elles aient présenté de bons résultats financiers, des préoccupations émergent concernant leurs valorisations élevées.

Actions internationales : Big in Japan

Le portefeuille des actions internationales a généré un rendement de 5,8% en CAD sur le trimestre, en hausse de 15,6% sur l’année à date.

La bourse japonaise a traversé un trimestre tumultueux, notamment au début du mois d'août, lorsque l'indice Nikkei 225 a plongé de plus de 10 % en une seule journée - un événement inédit depuis 1987 – et de près de 20% en trois jours.  Cette dégringolade s'explique par un rapport sur l’emploi aux États-Unis en deçà des attentes, combiné à une appréciation notable du yen, qui ont suscité des inquiétudes quant aux répercussions sur les exportations japonaises. La réaction des investisseurs a semblé excessive, les actions japonaises ayant rapidement regagné une partie de leurs pertes, terminant le trimestre avec une baisse de 4,9%. Compte tenu de l’appréciation du yen, l’investisseur canadien a réalisé un rendement positif de 5,6%.

L'indice MSCI Europe a progressé de 1,8 % au cours du trimestre. À l'instar du Japon, l'effet de devise a été avantageux pour l'investisseur canadien, qui a réalisé un rendement de 5,5 %.

Marchés émergents : le retour de la Chine?

L'indice MSCI Emerging Markets a enregistré un rendement de 6,9% (en dollars canadiens) pour le troisième trimestre 2024.

Aux prises avec un secteur immobilier problématique et le ralentissement de son économie, la Chine était en voie de connaître un autre trimestre négatif. Le scénario a pris une tout autre tournure alors que le marché boursier chinois s'est redressé de plus de 21% dans les derniers jours du trimestre en réponse à des mesures de support, incluant l'assouplissement monétaire, des ajustements réglementaires et une relance budgétaire par les autorités de Pékin.

L'Inde a affiché un rendement de 8,1% en raison des attentes du marché concernant une forte croissance économique en 2024 et 2025. La prospérité de l'Inde est alimentée par des indicateurs macroéconomiques stables, ce qui attire l'attention des investisseurs mondiaux. L'inclusion de l'Inde dans les indices d'obligations d'État des marchés émergents de JP Morgan en juin dernier a servi de catalyseur supplémentaire, permettant aux acteurs étrangers de s'engager plus largement sur les marchés financiers indiens.

Taïwan a enregistré un rendement de -2,4%, principalement en raison de l'incertitude qui règne dans le secteur de l'intelligence artificielle, notamment en ce qui concerne le calendrier de lancement des produits haut de gamme et l'ampleur de la croissance attendue dans ce domaine.

La Corée du Sud, dont l'économie repose sur les exportations, a enregistré une baisse de 9,9%, son marché boursier restant vulnérable aux incertitudes extérieures. Les nouvelles commandes à l'exportation ont diminué en raison du ralentissement de la demande de puces informatiques.

Obligations : un excellent trimestre

Le marché obligataire a commencé à anticiper les baisses de taux d’intérêt des banques centrales au printemps 2024. Ce processus s’est accéléré cet été : de 3,9% à la fin avril, le taux sur obligations 10 ans du gouvernement canadien est passé à 2,9% au 30 septembre.  

Baisse de taux signifie hausse du cours des obligations en portefeuille, ce qui a mené à un rendement de 4,7% sur le trimestre.

Phénomène plutôt technique mais quand même significatif, le taux sur les obligations 10 ans américaines est maintenant supérieur au taux 2 ans. La courbe de taux – qui s’était inversée à l’été 20221  – a donc commencé à se normaliser même si les taux 3 mois sont toujours supérieurs aux 10 ans. Dans le passé, une telle normalisation de la courbe de taux a souvent coïncidé avec le début d’une récession, même s’il n’est pas clair qu’il y a une relation de cause à effet.

S’il y a effectivement récession, les obligations continueront de bien nous servir. Au cas contraire, on se contentera des revenus d’intérêt.

Note

[1] Une courbe de taux « inversée » signifie que les taux d’intérêt à court terme – 3 mois à 2 ans – sont supérieurs aux d’intérêt sur les obligations échéant dans 10 ans ou plus. Quand la courbe est « normale », les taux long terme sont plus élevés afin de compenser le risque plus élevé sur un prêt/placement à long terme.