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Bonne fête FNB, quel âge as-tu?

Article

Richard Morin

Mise à jour :
21
June
2023
Mise à jour :
June 21, 2023

Plus tôt cette année, nos amis américains célébraient le 30e anniversaire du fonds négocié en bourse (FNB). C’est curieux parce que plusieurs canadiens (dont l’auteur de ces lignes) détiennent des FNB depuis maintenant 33 ans. C’est en effet en 1990 que la Bourse de Toronto a lancé les TIPS – Toronto Index Participation Securities – l’ancêtre du fonds iShares S&P/TSX 60 Index ETF (XIU). Alors, que se passe-t-il? Les Américains clament-ils la paternité d’une invention canadienne?

Pas du tout!

En fait, si quelqu’un a « volé » l’idée de l’autre, ce sont plutôt les canadiens qui sont coupables.

La conception du FNB

Afin de comprendre comment et pourquoi le premier FNB a vu le jour, il faut remonter aux années 80 et à ce qu’on appelait le portfolio insurance et le program trading. C’était le début de l’ère moderne des marchés financiers. Le portfolio insurance consistait– en cas de forte baisse lors d’une séance de bourse – à vendre des contrats à terme et des options sur indices boursiers. Typiquement, ces ventes de produits dérivés étaient déclenchées lors d’une baisse de 5% ou plus de l’indice au cours d’une séance de bourse et visaient à protéger le portefeuille contre les pires baisses.

Au milieu des années 80, beaucoup d’institutions – fonds de pension, compagnies d’assurance et autres – avaient mis en place de tels programmes, sur les conseils des grandes firmes de courtage. Les mainteneurs de marché – dont le métier consistait à acheter ces produits dérivés – devaient en retour couvrir leur risque en vendant automatiquement en bourse simultanément tous les titres constituant l’indice boursier : c’est ce qu’on appelait le program trading.

L’ultime test du portfolio insurance et du program trading est survenu en octobre 1987. Le marché avait été volatil les jours précédents et, dès l’ouverture du New York Stock Exchange le lundi 19 octobre, il a atteint une baisse de plus de 5%. Les marchés ont alors été littéralement inondés d’ordres de vente de produits dérivés et d’actions et, en quelques minutes, les indices boursiers avaient subi une baisse de 22%!

S&P 500 1986 - 1989
S&P 500 1986b - today
Source: S&P Dow Jones Indices

Comme à son habitude, le marché s’est assez rapidement remis de cette baisse mais le régulateur, la Securities and Exchange Commission, a lancé une investigation afin de bien comprendre ce crash boursier et prévenir de tels évènements dans le futur. Le program trading a rapidement été identifié comme étant le coupable. Pour le principal analyste de la SEC travaillant au dossier la solution était simple : que ces ordres de ventes de « paniers de titres » ne soient pas envoyés pêle-mêle sur les parquets de bourse mais plutôt acheminés vers un marché « parallèle » (un side-car dans le jargon de la SEC) où un acheteur pourrait se porter acquéreur de l’ensemble des titres du panier dont le vendeur voulait se départir.

Sans le savoir, la SEC venait de concevoir le FNB.

Une longue gestation

Afin de passer du concept initial au FNB que l’on connait aujourd’hui, une institution financière devait s’intéresser au projet et y investir dans le lancement d’un nouveau produit. C’est donc très naturellement que la firme Vanguard et son fondateur John Bogle – un pionnier qui avait inventé le fonds mutuel indiciel en 1976 – ont été approchés. Leur réponse? C’est une mauvaise idée et ce produit ne fonctionnera pas [1]!

C’est plutôt une équipe du American Stock Exchange [2] et de State Street Global Advisors qui a travaillé pendant 3 ans au lancement, en 1993, de ce qui est encore aujourd’hui le plus grand FNB au monde : le SPDR S&P 500 ETF.

Et la Bourse de Toronto dans tout ça?

Le vrai premier FNB au monde

Si le lancement du SPDR par l’American Stock Exchange a pris 3 ans, c’est en bonne partie à cause d’une bataille entre régulateurs [3] qui a retardé le projet pendant de longs mois.

Pendant ce temps, la Bourse de Toronto – qui suivait toujours avec grand intérêt les développements au sud de la frontière – avait lancé son propre projet de FNB, qui aboutit au lancement, en 1990, des Toronto Index Participation Securities, ancêtre du iShares S&P/TSX60 Index ETF, le plus grand FNB au Canada avec environ 11 milliards d’actifs.

Le FNB est donc bel et bien une invention américaine, mais les Canadiens les ont coiffés au fil d'arrivée!

La famille a grandi

33 ans plus tard, on trouve plus de 1 300 FNB cotés à la Bourse de Toronto, plus de 3 000 aux États-Unis et 9 000 dans le monde avec des actifs totaux de près de 9 billions USD. Les FNB permettent maintenant d’investir autant en obligations qu’en actions, au Canada et dans tous les marchés étrangers.

Source: ETFGI

Le fonds négocié en bourse est la plus grande innovation en placement depuis plus de 50 ans. Il permet à tous les épargnants – peu importe la taille de leur portefeuille ou leur niveau de connaissances financières – d’investir dans un portefeuille diversifié et équilibré à faible coût. Le FNB a permis de rétablir le rapport de force entre les investisseurs d’une part et les institutions financières d’autre part.

Bonne fête FNB!

Notes

[1] Ce n’est qu’en 2001 que Vanguard lancera son premier FNB. La firme est aujourd’hui un des plus importants émetteurs de FNB au monde, avec des actifs de 2 billions USD.

[2] La American Stock Exchange a depuis été absorbée par le New York Stock Exchange.

[3] La Securities and Exchange Commission et le Commodity Futures Trading Commission prétendaient toutes deux devoir être le régulateur de ce nouveau produit. C’est finalement la SEC qui a été désignée.