La locomotive américaine
Revue trimestrielle
Revue trimestrielle
L’économie américaine continue de défier les prédictions des prophètes de l’apocalypse. Contrairement à d’autres pays – notamment le Canada ou la croissance est au ralenti et le taux de chômage est en hausse – l’économie américaine demeure robuste, le marché de l’emploi se porte bien et les profits sont en forte hausse : +12% en 2024.
Cette relative domination de l’économie américaine se reflète sur la performance de son marché boursier : en hausse de 25% (en USD) en 2024 et de 54% depuis 2 ans. Cette hausse n’est pas sans rappeler la performance des actions américaines lors de la bulle technologique des années 90. On frôle l’euphorie.
La vigueur de l’économie américaine a une autre conséquence importante pour les investisseurs canadiens : alors que la Banque du Canada a graduellement abaissé son taux directeur de 1,75% (à 3,25%) afin de soutenir l’économie depuis juin 2024, la Federal Reserve américaine n’a abaissé son taux que de 1%, à 4,5%. La différence de taux attise la demande pour le dollar américain, en hausse de plus de 8% face au CAD en 2024, augmentant d’autant la performance des placements aux États-Unis pour les investisseurs canadiens. Le rendement de la bourse américaine en CAD a donc été de 36,4% en 2024!
Bien que moins spectaculaire, la bourse canadienne a quand même connu un excellent rendement de 21,7% en 2024, incluant une hausse de 3,8% au 4e trimestre. Bon nombre de grandes entreprises canadiennes réalisent des profits en USD; la hausse de la devise américaine a donc augmenté leurs profits lorsque convertis en CAD.
La portion obligataire du portefeuille a aussi contribué au rendement, en hausse de 4,2% en 2024. On se souviendra que les obligations avaient souffert de la hausse des taux d’intérêt en 2022. Elles ont maintenant recouvert cette baisse de valeur (en incluant les intérêts reçus). Elles rapportent maintenant 3,7% d’intérêt annuellement et immuniseront en partie le portefeuille lors d’une éventuelle baisse du marché boursier.
On se souviendra aussi que bon nombre d’experts avaient annoncé la mort du traditionnel portefeuille 60-40. D’après eux, la hausse des taux d’intérêt (ils étaient d’environ 0,50% sur une obligation 10 ans au début 2022) allait décimer non seulement les obligations mais aussi les actions. Or, ce bon vieux portefeuille composé de 60% d’actions et 40% d’obligations a généré un rendement de 16,1% en 2024 et de plus de 6% annuellement depuis 3 ans. Pas trop mal pour un défunt!
Bonne année 2025 à tous!
En hausse de 3,8% (21,7% depuis le début de l’année), le marché boursier canadien a démontré une vigueur notable. Cette performance a été généralisée, cinq des onze secteurs ayant enregistré des rendements positifs. Les secteurs les plus performants ont été l'énergie (+5,4%), les biens de consommation de base (+3,3 %), les finances (+5,7%) et les technologies de l'information (22,1%).
La performance du marché boursier peut être attribuée à des facteurs tels qu'un changement plus rapide de la politique monétaire, passant d'une politique restrictive à une politique neutre, comme en témoigne la baisse du taux directeur visant à maintenir une croissance économique stable et une inflation proche de son objectif. L'ajustement des taux d'intérêt a entraîné une dépréciation de la monnaie, améliorant la compétitivité des exportateurs canadiens en rendant leurs produits plus compétitifs sur les marchés mondiaux. Cela mène également à des gains de change lorsque leurs profits en USD sont convertis en CAD.
La fermeté des prix des produits de base a soutenu le marché canadien. Les prix du pétrole brut, qui sont essentiels au secteur énergétique canadien, ont connu une certaine amélioration au quatrième trimestre de 2024, augmentant de plus de 5%, le prix du pétrole brut West Texas Intermediate (WTI) étant enregistré à 72,44$ le baril au 31 décembre 2024.
Les actions américaines ont connu un autre bon trimestre, en hausse de 9,2% (en dollars canadiens), portant leur rendement depuis le début de l'année à 36,4%.
Les secteurs de la consommation discrétionnaire (+14,1%), des services financiers (+6,7%), des technologies de l'information (+4,7%) et des services de communication (+8,6%) figurent parmi les plus performants.
Le secteur de la consommation discrétionnaire s'est distingué, les détaillants ayant profité d'une forte hausse des achats des Fêtes. Les principales entreprises du secteur, comme Amazon, Tesla et les géants de la rénovation résidentielle comme Home Depot, ont déclaré des bénéfices meilleurs que prévu, stimulés par une forte demande des consommateurs et des améliorations de la chaîne d'approvisionnement.
Les pressions inflationnistes ont montré des signes d'atténuation, contribuant à un environnement favorable aux actions.
Le sentiment des investisseurs est resté positif tout au long du quatrième trimestre, stimulé par de solides bénéfices des entreprises et une résilience économique. Les inquiétudes concernant les changements potentiels de la politique budgétaire sous la nouvelle administration ont introduit une certaine prudence sur le marché.
Le portefeuille d’actions internationales a généré un rendement de -2,0% (en dollars canadiens) au cours du trimestre, en hausse de 13,3 % depuis le début de l’année.
Si le Nikkei 225 a rebondi depuis son plus bas d’août, il reste bien loin du record établi en juillet. Le marché boursier japonais a enregistré un rendement de 2,1%, réagissant avec prudence à l’annonce de la réélection de Trump.
L’indice MSCI Europe a reculé de -4,0 % au cours du trimestre, en hausse de 10,7 % depuis le début de l’année. Cette baisse est en grande partie due à l’incertitude entourant les politiques fiscales et douanières de Donald Trump qui menacent de perturber les marchés.
L'indice MSCI Emerging Markets a enregistré un rendement de -1,9% (en CAD) au quatrième trimestre 2024.
La Chine a enregistré un rendement de -1,5% malgré l'annonce d'un plan de relance au cours du dernier trimestre, car les perspectives des actions chinoises restent incertaines en raison des inquiétudes concernant les perspectives de croissance du pays et des menaces de tarifs douaniers du président élu américain Donald Trump.
Taïwan a enregistré un rendement de 8,4%, porté par la trajectoire de croissance prometteuse du secteur de l'IA.
Les troubles politiques en Corée du Sud ont eu un impact négatif sur la confiance des investisseurs, ce qui a entraîné une baisse des rendements de -13,5%.
Le rendement à l’échéance des obligations du gouvernement canadien à 10 ans est passé de 2,95% en septembre 2024 à 3,23% en décembre 2024, ce qui a entraîné un déclin du marché obligataire canadien. Cela s’est produit malgré une baisse plus importante que prévu de l’inflation (à 1,9 % en novembre) et une réduction des taux d’intérêt par la Banque du Canada (le taux d’intérêt de référence du financement à un jour a été réduit de 50 points de base à 3,25% en décembre).
La faiblesse des obligations canadiennes au cours du dernier trimestre reflète un marché obligataire américain très faible qui a connu de fortes hausses des taux, les investisseurs ayant réduit leurs attentes de futures baisses de taux par la Réserve fédérale américaine.
Néanmoins, les obligations canadiennes ont nettement surpassé les obligations américaines en 2024 avec un rendement total de 4,23%. Avec un rendement à l’échéance de 3,23%, les obligations du gouvernement canadien échéant dans 10 ans fournissent un revenu stable et aideront à protéger le portefeuille en cas de correction du marché boursier.